LE CENTRE DE RECHERCHE ET D’EXPERTISE EN GOUVERNANCE, RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATEGIQUES EN AFRIQUE (CREGRISA) Organise un ATELIER REGIONAL Sur le thème :  LA TRANSFORMATION DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE : VERS LA DÉCONSTRUCTION DES FONDEMENTS OCCIDENTAUX DES INITIATIVES AFRICAINES D’INTÉGRATION. Date : Du 9 au 10 Mars 2026, à Dschang Cameroun. CENTRE DE RECHERCHE ET D’EXPERTISE EN GOUVERNANCE, RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATEGIQUES EN AFRIQUE

CONTEXTE ET JUSTIFICATION

L’intégration régionale est depuis longtemps considérée comme une voie essentielle pour la stabilité politique, la transformation économique et l’autonomie collective de l’Afrique[1]. Depuis l’adoption du Traité d’Abuja en 1991 et la création de l’Union Africaine (UA), l’intégration régionale s’est déployée à travers un large éventail de cadres institutionnels, incluant les huit Communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’UA ainsi que plusieurs unions économiques et monétaires sous-régionales. Ce paysage institutionnel dense, avec des organisations telles que la CEDEAO, la SADC, la CAE, le COMESA, l’UEMOA ou la CEMAC, reflète à la fois l’ambition et la complexité du parcours d’intégration du continent.

Pourtant, malgré la prolifération de ces institutions, l’Afrique continue de faire face à une intégration fragmentée, inégale et souvent au point mort[2]. Des défis persistants tels que la multiplicité des appartenances aux CER, la faible coordination, l’instabilité politique, les déficits d’infrastructures et la capacité limitée de mise en œuvre, ont constamment entravé les progrès réalisés[3]. De plus, le modèle linéaire dominant de l’intégration allant successivement des zones de libre-échange aux unions douanières, puis aux marchés communs, et enfin à l’union monétaire et ou économique, n’a produit que des résultats partiels.

De nombreux accords régionaux restent inappliqués ou partiellement opérationnels : les protocoles de libre-échange accusent des retards, les obligations des unions douanières sont appliquées de manière inégale et les ambitions de convergence monétaire sont largement irréalisées. En conséquence, la réalité concrète de l’intégration reste bien éloignée des engagements normatifs inscrits dans les traits, autres textes juridiques et documents politiques. Un corpus croissant de travaux suggère que ces difficultés persistantes sont en partie enracinées dans les fondements européens du modèle d’intégration adopté par l’Afrique[4]. Les CER africaines ont historiquement largement emprunté au modèle institutionnel de l’Union Européenne, adoptant son accent sur les unions douanières, l’autorité supranationale et des structures de gouvernance hautement formalisées[5].

Cette influence s’étend également à la logique politique sous-jacente au régionalisme, illustrée par l’adoption de « l’hypothèse de la paix libérale » l’idée selon laquelle l’interdépendance économique favorise la paix et réduit les risques de conflits interétatiques[6]. Cependant, plusieurs chercheurs montrent que cette hypothèse présente une pertinence limitée dans le contexte africain, où les dynamiques conflictuelles sont moins liées aux rivalités entre États qu’aux instabilités internes, aux frontières poreuses et aux ordres politiques hybrides. Le transfert direct de modèles européens conduit ainsi souvent à des architectures institutionnelles mal adaptées aux réalités politiques africaines.

Certains analystes soutiennent en outre que le modèle de type UE[7] a éclipsé les approches africaines endogènes de coopération, des approches enracinées dans de longues traditions de prise de décision consensuelle, de négociation communautaire et d’interdépendance flexible. Ces formes endogènes d’organisation politique, historiquement développées à travers la diplomatie inter-royaumes, les réseaux commerciaux transfrontaliers et les systèmes de gouvernance communautaire, offrent des pistes susceptibles d’enrichir l’architecture de l’intégration africaine si elles sont adéquatement mobilisées. Par ailleurs, plusieurs modèles réussis du Sud notamment l’ASEAN[8], illustrent l’intérêt de mécanismes pragmatiques, non supranationaux et fondés sur le consensus, plus proches des cultures politiques africaines[9].

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Dans ce contexte complexe, il apparaît urgent de revisiter, d’interroger et de transformer les fondements conceptuels, institutionnels et politiques qui structurent aujourd’hui l’intégration régionale en Afrique. Une approche plus sensible au contexte[10], centrée sur l’Afrique et ancrée dans l’histoire, est essentielle pour repenser les paradigmes et méthodologies qui ont guidé les efforts d’intégration jusqu’à présent. Cet atelier vise donc à offrir une plateforme de dialogue réflexif et prospectif, examinant de manière critique les cadres européens hérités, valorisant les traditions et innovations africaines, et s’inspirant de modèles adaptatifs provenant d’autres régions du Sud. Une telle réflexion est fondamentale pour tracer des trajectoires viables vers une intégration capable de répondre véritablement aux besoins de transformation structurelle, de consolidation de la paix et de développement à long terme du continent.

Objectifs de l’atelier

CENTRE DE RECHERCHE ET D’EXPERTISE EN GOUVERNANCE, RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATEGIQUES EN AFRIQUE
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Transformer l’intégration régionale en Afrique nécessite plus que des ajustements institutionnels : cela implique une reconfiguration profonde des fondements conceptuels et idéologiques qui orientent l’intégration sur le continent. En déconstruisant les modèles européens hérités et en adoptant des approches centrées sur l’Afrique et adaptées aux réalités locales, l’atelier vise à contribuer à une vision renouvelée, pragmatique et durable de l’intégration régionale. Plus précisément, l’atelier vise à :

  • Examiner de manière critique les fondements historiques et théoriques européens des modèles d’intégration adoptés en Afrique
  • Identifier les limites actuelles des cadres africains d’intégration régionale, y compris leurs contraintes institutionnelles, politiques, économiques et structurelles.
  • Mettre en lumière les traditions indigènes africaines, les pratiques historiques et les mécanismes communautaires pouvant inspirer des paradigmes alternatifs d’intégration.
  • Explorer des modèles régionaux comparatifs, notamment en Asie et en Amérique latine, pour en tirer des enseignements adaptés au contexte africain.
  • Proposer des voies de transformation pour repenser et redessiner des approches d’intégration centrées sur l’Afrique.
  • Élaborer des recommandations concrètes à destination des décideurs, des CER, des organes de l’UA, des chercheurs et de la société civile afin de renforcer l’architecture d’intégration du continent.

Thèmes clés de discussion

  1. Influence européenne sur l’intégration africaine : théories et pratiques
  2. Problématique des appartenances multiples et de la fragmentation institutionnelle
  3. Le modèle linéaire (ZLE–Union douanière–Marché commun–Union monétaire-Union économique)
  4. L’hypothèse de la paix libérale et sa pertinence pour l’Afrique
  5. Dynamiques de conflit et mécanismes régionaux de sécurité
  6. Défis économiques et structurels de l’intégration régionale africaine
  7. Traditions africaines indigènes de coopération et d’interdépendance
  8. Enseignements de l’ASEAN, du MERCOSUR et d’autres modèles non occidentaux
  9. Réimaginer les rôles institutionnels de l’UA et des CER
  10. Conception de systèmes d’intégration flexibles, sensibles au contexte et portés par l’Afrique
  11. Toute autre perspective en lien avec le thème de l’atelier sera la bienvenue
  12. Résultats attendus

À l’issue de l’atelier, les participants produiront :

  • Une note policy brief identifiant les défis et les nouvelles orientations pour l’intégration régionale en Afrique
  • Un document-cadre proposant des modèles d’intégration centrés sur l’Afrique
  • Un ensemble de recommandations pour les processus de réforme de l’UA et des CER
  • Un agenda de recherche pour stimuler l’engagement académique et politique autour de la décolonisation des modèles d’intégration
  • Le renforcement des réseaux entre chercheurs, praticiens et décideurs travaillant sur les questions d’intégration.

Organisation de l’atelier

Cet atelier est ouvert aux universitaires/chercheurs et praticiens francophones et anglophones capables de produire des articles scientifiques sur le thème principal, ainsi qu’aux décideurs nationaux et internationaux impliqués dans les processus d’intégration régionale. Bien que l’esprit de la rencontre soit essentiellement scientifique, elle encouragera également les échanges et réflexions entre divers acteurs sur leurs travaux et expériences de terrain. L’atelier sera organisé sous forme de conférences inaugurales, sessions parallèles, tables rondes et panels thématiques.

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Procédure et calendrier de soumission des résumés

Les résumés ne doivent pas dépasser une page (Times New Roman, taille 12, simple interligne). Ils doivent clairement indiquer le titre de la proposition, l’axe de communication, la problématique, la méthodologie envisagée et les principales articulations de l’article. Les résumés doivent être envoyés en français ou en anglais, accompagnés d’un maximum de cinq mots-clés, d’une biliographie et d’une brève présentation de l’auteur (10 lignes : institution, fonction, adresse e-mail, numéro de téléphone). Les résumés sont attendus au plus tard le 1er décembre 2025, avant minuit, et doivent être envoyés obligatoirement aux adresses électroniques suivantes : cregrisa@gmail.com  et lewismuluh@gmail.com. Les propositions de communications peuvent être individuelles ou collectives ; dans ce dernier cas, elles doivent être soumises par un seul chercheur, qui assume la responsabilité de l’équipe de recherche.

Calendrier d’organisation de l’atelier

  • 22 novembre 2025 : Publication de l’appel à propositions
  • 1er décembre 2025 : Date limite de soumission des résumés
  • 5 décembre 2025 : Notification d’acceptation
  • 5 janvier 2026 : Date limite de soumission des articles complets
  • Du 12–14 janvier 2026 : Déroulement de l’atelier

COMITÉ SCIENTIFIQUE

President : Pr Pokam HILAIRE DE PRINCE, Directeur exécutif du CREGRISA

Vice-presidente : Pr Yvette Rachel KALIEU ELONGO, Responsable de l’Unité de Recherche en Droit, Institutions et Intégration Communautaire.

Membres :

  • Pr Alain ONDOUA FRANKLIN, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Ntuda Ebode JOSEPH VINCENT, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Janvier ONANA, (Université de Bertoua);
  • Pr Nyongbet WILFRIED GABSA, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Aboya ENDONG MANASSÉ, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Bernard-RAYMOND GUIMDO, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Nguele ABADA MARCELIN, (University of Yaounde II) ;
  • Pr Jacques CHATUÉ, (Université de Dschang);
  • Pr Mandjack ALBERT, (Université de Douala);
  • Pr Pierre-FABIEN NKOT, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Abane Engolo PATRICK EDGARD, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Mballa OWONA ROBERT, (Université de Bertoua);
  • Pr Akono ATANGANE EUSTACHE, (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Lionel Pierre GUESSELE ISSEME, (Université de Douala);
  • Pr KAMDEM Pierre (CREGRISA-Université de Poitiers);
  • Pr Nodem JEAN EMET, (Université de Dschang);
  • Pr Ekambi DIBONGUE GUILLAUME, (Université de Douala) ;
  • Pr Frank EBOGO (Université de Yaoundé II) ;
  • Pr Kiven JAMES KEWIR, (Université de Buea);
  • Pr Jacques BIPELE KEMFOUEDIO (CREGRISA) ;
  • Pr ALIYOU (Université de Dschang) ;
  • Pr Ngeukeu NDONGMO PIERRE (CREGRISA) ;
  • Pr Moumouni GUILLAUME, (Université de Abomey-Calavi);
  • Pr Kelese GEORGE NSHOM, (Université de Bamenda);
  • Pr Zulandice ZANKIA (Université de Dschang) ;
  • Pr Marien Ludovic NDIFFO KEMETIO, (CREGRISA) ;
  • Pr Chikouna CISSÉ, (Université Houphouët Boigny) ;
  • Pr Kobi JOSEPH, (Université de Bouaké) ;
  • Pr Lofembe BENKENYA BEKE, (Université de Kinshasa) ;
  • Pr Saha ZACHARIE, (Université de Dschang);
  • Pr Datidjo ISMAILA, (Université de Dschang);

Additional information: Dr. Mosoh Lewis Muluh, Project Leader, Coordinator of CREGRISA

Email address: mosohlewis@yahoo.com.

 Bibliography

  • ACHARYA Amitav, Constructing a Security Community in Southeast Asia: ASEAN and the Problem of Regional Order, London, Routledge, 2001.
  • ADEDEJI Adebayo. “From the Lagos Plan of Action (LPA) to the New Partnership for Africa’s Development (NEPAD): The Continuity of Ideals and Values.” Keynote Address delivered at the African Forum for Envisioning Africa Conference, Nairobi, Kenya, 26–29 April 2002.
  • African Union. Treaty Establishing the African Economic Community (Abuja Treaty), Addis Ababa, African Union, 1991.
  • Assessing Regional Integration in Africa (ARIA VII), Innovation, Competitiveness and Regional Integration, United Nations Economic Commission for Africa, African Union and African Development Bank Group, March 2016.
  • Assessing Regional Integration in Africa (ARIA XI), Delivering on the African Economic Community: Towards an African Continental Customs Union and African Continental Common Market, United Nations Economic Commission for Africa and African Union, June 2025.
  • CUYVERS Armin, and PATRICIA Ouma. “The EU as a Model for African Regionalism: Decolonizing Regional Integration in Africa?” African Journal of International Economic Law, vol. 3, Fall 2022, p. 159.
  • Development Asia. “Using a Context-Sensitive Approach to Enhance Development.” Available online at: https://development.asia/explainer/usingcontextsensitiveapproachenhancedevelopment
  • DRAPER Peter, Rethinking the (European) Foundations of Sub-Saharan African Regional Economic Integration: A Political Economy Essay,OECD Development Working Paper No. 293, September 2010, p. 7.
  • FAN Hongwei. Regionalism in the Global South: The ASEAN Process and Experience. International Cooperation Center, 2024.
  • GBAGUIDI A. Ochozias, Cinquante ans d’intégration régionale en Afrique : un bilan global.” Techniques Financières et Développement, no. 111 (2013/2), pp. 47-62.
  • HUGON Philippe, Les économies en développement au regard des théories de la regionalization, Tiers-Monde, vol. 43, no. 169, 2002, pp. 9-25.
  • HUGON Philippe. Les trajectoires comparées d’intégration régionale, in Philippe Hugon (Dir.), Les économies en développement à l’heure de la regionalization, Paris, Karthala, 2003, pp. 103-163.
  • Kenhoung, Yanic. L’intégration régionale en Afrique au croisement de l’institutionnalisme et du transnationalisme.
  • Lawrence Z. Robert, Regionalism, Multilateralism, and Deeper Integration, Washington, D.C., Brookings Institution Press, 1996.
  • OLORUNTOBA, SAMUEL Ojo,    Pan-Africanism,         Regional         Integration,     and Development in Africa. Cham, Palgrave Macmillan, 2017.

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